jeudi 24 février 2011

Aux bons endroits - Le temps d'un regard - Le style années 30 ou comment maîtriser son sujet..

La rigidité, la symétrie, la géométrie. Voilà les adjectifs qui qualifient le style années 30. Un style dur et sensible, brut et fragile, avec une enveloppe et un être.

Un peu compliqués ces propos. Et pourtant, c’est comme ça que je ressens cette maîtrise de menuiserie des temps passés.

Je ne me lasse jamais de découvrir de nouveaux spécimens. L’intéressant ici n’est pas le meuble et sa forme à quelques exceptions près comme le buffet de séjour surmonté de colonnes ou de glaces, la table en imposant ne serait ce que par le tronc qui la porte…
Non, ce qui arrête l’œil ici, c’est l’ornement.

Un agrément qui est souvent riche, pourvu de décors, de fresques. Une richesse oui mais limitée et on en arrive au premier paradoxe. Car d’un article à un autre, on retrouve souvent des sculptures jumelles qui, même si réalisées par la main du tailleur viennent s’inscrire sur les différents éléments. Comme si, en fin de compte, il fallait se contenter des mêmes motifs et stopper net à l’imagination de l’artisan.

Un antagonisme encore, comme si le style ne savait pas vers quoi s’orienter. Avec d’un coté, en général, de longues formes géométriques qui parcourent les pièces les plus longues et d’un autre, des marguerites, des pommes de pin dessinées et autres floraux cassant cette rigidité. Et si il avait fallu combler les deux sexes ? En cette période de développement industriel, d’ingénierie gardée au sexe masculin avide de schémas, de mathématiques, de lignes droites. N’était il pas de bonne pensée que d’adoucir le meuble avec un décor dédié à la femme ? Et les traits simplistes ne donnent ils pas une dynamique à la poussée de la fleur représentée ?

Quatre générations sont passées, les décors envahissants sont toujours là, disposés comme une peau neuve, disposés comme des sangles pour toujours mieux contenir le vivant. Ne s’agit il pas en quelques sortes d’un anti-rides ? D’une façon pour le bois respirant de montrer sa valeur ? Au fond, que s’est il passé pour que le sculpteur choisisse de donner à la planche des lignes artificielles au déficit de ses courbes de vie naturelles ? Mais les stylistes nous habillent bien aussi, alors…

Cette complexité, c’est l’idée que je m’en fait. Il n’y a pas à réfléchir, cet un meuble que le commun des mortels observe comme un meuble. Comment se fait il que j’y vois autre chose ? Certainement parce que je m’y retrouve…

Petite musique d'accompagnement