jeudi 25 novembre 2010

Brighton-Dover (GB) – 11-13 Novembre 2010 – Gris de gris

Une chose était sure, certaine, évidente, je ne pouvais pas rester entre mes quatre murs… La super compagnie Ryanair ayant vendu tous ses billets pour Oslo et Stockholm, je changeais mon fusil d’épaule et le tourner vers l’Angleterre.

Je n’y avais pas du tout prêté attention et même si à un moment, je me suis demandé ce que je faisais de l’autre coté du chanel, la tempête qui sévissait me rappelait que je n’aurais pu être à un autre endroit.

Déjà, passé le milieu de la Manche, le ferry commença à lutter face aux rouleaux qui se présentaient à lui. J’étais de toute manière comme lui, perdu dans mon océan sauf que le mien est fait de pensées. Il fallait donc que cette tempête passe. Et ça, pour sûr, elle est passée.

Bien vite, je me suis rendu à l’évidence que malgré ma motivation, je ferai mieux de rouler avec le vent comme allié plutôt que de l’affronter vers l’ouest. Un changement d’emploi du temps et donc une première épreuve en guise de bienvenue.

Ca fait bien longtemps que je ne m’étais pas senti ainsi, bien au chaud, au confort de ma polaire, de mon coupe-vent et du fuseau recouvrant les jambes. Tout à fait exposé en même temps à la bruine, aux gouttelettes, aux gouttes, aux embruns.

Quand la météo vous donne une claque, elle n’est forcément pas que physique. C’est une claque qui replace aussi l’esprit, qui rend serein. Alors quand en plus, elle offre le spectacle d’une mer démontée s’abattant sur la construction humaine, c’est un lavage de cerveau qu’elle entreprend. De toute façon, à vélo il n’y a rien à faire, juste à subir…Ou plutôt tirer le meilleur parti de cette soumission et se mettre dans le sens indiqué. Se dire que c’est un moment rare que d’être dehors par un temps pareil et que c’est plutôt l’heure d’ouvrir ses bronches en grand. Se dire que s’il n’y a pas ou peu d’autres ombres humaines sur l’étendue de galets, c’est que ce trésor nous appartient. Croire que si les cœurs des mouettes et des blacks sheep continuent de battre sous ce vacarme, pourquoi ce serait différent du sien ? Penser que les trois crevaisons en 160 kilomètres ne sont pas qu’une coïncidence mais plutôt un achèvement de ce lavage.

Et puis, je suis surtout satisfait de ce rappel de l’océan. Je n’aime pas penser qu’une côte n’est faite que pour être scrutée par horizon dégagé. Le vent, la pluie et la mer mêlée sont une formidable machine à se laver.

Ravi aussi de pouvoir re-parcourir au travers de mes jpeg l’automne britannique, ses vallées détrempées, ses façades victoriennes, ses pubs perdus, Rye village pittoresque, ses falaises blanches, ses sentiers cyclistes au milieu des pâtures…

Je me sens riche de cette expérience. C’est ça aussi profiter du temps de la vie.



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